En ce moment, au Québec il y a comme un double standard en matière de dénonciation publique. Il ne se passe pas une semaine sans que le mâle québécois ne soit écorché pour son comportement répréhensible.
L’inverse?
Depuis quelques années, on dirait que les femmes se sont forgé une sorte d’immunité diplomatique absolue en matière de critique. Jean-François Mercier l’a d’ailleurs appris à ses dépens récemment. Bien que moi-même auteur et ayant écrit trois livres qui font grandement l’éloge de la femme, me faire traiter de phallocrate et de misosexiste-masculiniste ne m’attire guère. Mais bon, j’assumerai les conséquences.
Effectivement, un homme ne peut, sous peine d’être pendu haut et court avec une étiquette de misogyne attachée autour de ses couilles, critiquer une femme ou un groupe de femmes, même si celles-ci ont pu avoir des comportements déplacés. Ne traite pas de conne qui veut ! Il va s’en dire que nous avons également notre tribunal populaire de la gauche bien pensante qui décide de ce qui peut ou ne pas être dit.
Non, une fille « conne », au Québec, aujourd’hui, ça ne se dit pas, ça n’existe pas. Oser dénoncer une attitude conne d’une fille s’avère encore pire qu’insulter le plus-si-petit-que-ça Jérémie. C’est assurément s’attirer immédiatement les foudres de la FFQ, du CSF ou de tous les groupes féministes, puis voir sainte Françoise ou sainte Manon réclamer en stéréo une commission d’enquête que pour que le mot « conne » soit retiré du dictionnaire afin que seul « con » demeure en tant qu’adjectif qualificatif invariable… ment masculin. Et pourtant, si on savait à quel point ce petit mot de trois lettres est noble et inspirant ! Apolinaire et Sade en ont abondamment parlé.
Bref, c’est ainsi qu’on pourra continuer de traiter publiquement de cons tous ces « mononcles » cochons qui pognent des seins sans permission. De cons aussi, ces batteurs de femmes, ces violeurs d’enfant, ces « douche bag », ces machos, ces imbéciles au gros bras, ces harceleurs qui ne comprennent pas ce que « non » veut dire, sans oublier les maris jaloux possessifs, etc., etc. De toute façon, on sait fort bien que des filles possessives, ça n’existe pas.
L’apanage de la connerie revient résolument à l’homme québécois. C’est apparemment génétique.
Le seul moment où une femme pourrait se faire publiquement traiter de « bitch », c’est lorsqu’elle l’est avec une autre femme. Mais encore. Et si une femme est « salope » avec un homme, c’est « qu’il a sûrement dû lui faire quelque chose pour le mériter ».
Dans une télésérie, une femme qui frappe un gars, elle se défend, elle s’affirme ! Bravo !
Dans une télésérie, une femme qui frappe un gars, elle se défend, elle s’affirme ! Bravo ! crieront les unes. Il l’a bien cherché, lanceront les autres. Et cela, quand ce n’est pas simplement pour faire rire. Même la princesse de Disney y va d’un grand coup de poing à la figure du méchant dans Frozen. Imaginez l’inverse !
À lire les nombreux billets sur divers blogues comme le Huff-Québec et Urbania, je me demande comment le Québec fait pour continuer à maintenir son taux de natalité compte tenu de cette masse critique d’hommes vils et repoussants qui pullulent dans la société remplie de tarés qu’on prend plaisir à dénoncer sur toutes les tribunes. Car finalement, lorsqu’il n’est pas macho ou violent, il est également épais et irresponsable. En effet, dans la publicité, l’homme québécois ne sait pas changer une couche, choisir une police d’assurance, installer un lave-vaisselle ou encore il manque cruellement de jugement lorsqu’il a brièvement l’idée qu’il pourra écouter le hockey au lieu d’un film de filles avec sa blonde.
Honnêtement, quelles femmes québécoises pourraient être à ce point épaisses (ou aveugles) pour vouloir d’un mâle aussi « cromagnesque » ?
Et si c’était parce que pour chaque con, épais, jaloux, macho, violent il y avait une conne, épaisse, jalouse, manipulatrice et violente ? Des mononcles cochons, il y en a plein. Des filles qui se servent de leurs seins pour obtenir des faveurs, ça existe aussi. Oups ! C’est dit. Je suis mort !
Et si la connerie n’avait pas de genre? Et si « l’égalité pour tous » revenait à ce que la bêtise, quelle qu’elle soit, puisse être dénoncée, tous genres et toutes races confondus, afin qu’hommes et femmes puissent devenir meilleurs?
Ce n’est qu’en prenant la critique qu’on peut s’améliorer. Je crois que la société québécoise doit prendre soin de ses hommes comme elle doit protéger les femmes.
Jean-François… (pas Mercier)
Bravo ! Très bien dit !