Suite à mon entrevue avec Sophie et Richard

Richard Martineau et moi avons tous les deux été bloqués de Facebook, chacun pour un commentaire à l’effet que le mot femme réfère à la femelle de l’espèce humaine et que le mot homme réfère au mâle. Simplement énoncer ce fait semble considéré par Facebook comme des propos haineux. Nous en avons discuté hier à l’émission de Sophie Durocher, On n’est pas obligé d’être d’accord. J’aimerais ajouter quelque chose à ce que j’ai dit hier.

Ne pas rappeler à toutes les dix minutes à une femme trans qu’elle est biologiquement un homme, c’est une chose. Bien sûr, ici, on pourrait discuter de la question des pronoms qu’on utilise pour référer à quelqu’un, de l’accord des adjectifs, de l’usage des mots « madame » et « monsieur ».

Pour ne pas rappeler à quelqu’un de gros qu’il est gros, il suffit de ne pas mentionner qu’il l’est. Pour ne pas rappeler constamment la couleur, la religion, l’âge, l’orientation sexuelle, l’état de santé, l’occupation, et la plupart des caractéristiques d’une personne, on n’a qu’à ne pas en parler.

Pour ce qui est du sexe, c’est plus difficile, parce que la grammaire française fait en sorte que dans de nombreux cas, les noms communs, les pronoms et l’accord des adjectifs qualificatifs changent selon qu’ils se rapportent à une femme ou à un homme. Pour le formuler autrement, la langue française fait en sorte qu’on ne peut pas éviter de rappeler le sexe des gens quand on parle.

Ainsi, pour ne pas rappeler à une femme trans qu’elle est biologiquement un homme, on se voit pratiquement obligé de lui parler comme à une femme et d’en parler comme d’une femme : en l’appelant Madame, en accordant les adjectifs au féminin, en utilisant le pronom elle.

Si je peux comprendre ceux qui ont des réticences face à cela, puisqu’en effet, il ne s’agit pas simplement de s’abstenir de mentionner quelque chose, mais bien d’affirmer une chose alors qu’on en pense une autre (en l’occurrence, affirmer que la personne est une femme alors qu’on pense que c’est un homme), accordons à tout le moins que la demande de ne pas rappeler constamment aux femmes trans qu’elles sont biologiquement des hommes est raisonnable. La même chose est vraie pour ce qui est de ne pas rappeler à toutes les dix minutes à un homme trans qu’il est biologiquement une femme.

Si cette demande est raisonnable, c’est beaucoup moins raisonnable quand on est rendu à exiger que la société au complet fasse semblant de manière permanente que le sexe n’existe pas ou n’importe pas, et cesse de tenir compte du sexe des gens dans les contextes où celui-ci compte, pour le principe de ne pas rappeler leur sexe aux personnes trans. Que des gens en soient rendus à considérer comme haineux de dire que seules les femmes peuvent accoucher, ça va beaucoup plus loin que de simplement éviter d’appeler Michelle Blanc ou Gabrielle Bouchard Monsieur.

D’ailleurs, avant toute cette dérive, si quelqu’un avait dit : « Attention, si on commence à accepter que des gens soient considérés comme de l’autre sexe simplement parce qu’ils s’identifient comme étant de l’autre sexe, ça finira qu’on ne pourra plus énoncer de simples vérités sans passer pour des méchants. », on lui aurait probablement dit qu’il faisait un sophisme de pente fatale. Et pourtant, regardez où on en est…