Le délire victimaire vestimentaire
Qui n’a pas entendu parler des frasques vestimentaires révolutionnaires de Catherine Dorion, députée-vedette de Québec Solidaire à l’Assemblée nationale? Tout pour se faire remarquer, provoquer et ensuite pouvoir contester et se victimiser en disant qu’on devrait parler de ses idées plutôt que de ses fringues. Un cirque médiatique qui provoque autant l’indignation que l’hilarité générale, faisant le délice de tous les commentateurs et caricaturistes au Québec. Qui sème le vent récolte la tempête!
HARO SUR L’INTIMIDATION
Jeudi dernier, on lui a finalement refusé l’entrée au Salon Bleu en raison de son manque de décorum coutumier, la députée Dorion portant cette fois un chandail en coton ouaté à capuchon rouge. Coup du sort providentiel (!), elle devait justement participer le soir même à l’enregistrement de Tout le monde en parle pour se plaindre qu’elle est victime de discrimination vestimentaire!
Dès le surlendemain, sa collègue députée qsiste Christine Labrie, «porte-parole en matière de lutte contre l’intimidation» venait à sa rescousse avec une lettre d’opinion où elle avançait sans rire que nous étions face à de «l’intimidation et l’exclusion dans la maison du peuple ». Oui madame!
Dans un élan populo-marxiste, cette dernière soutenait grosso modo que le Parlement était historiquement le repère de l’élite économique, réservé aux propriétaires terriens, et aux hommes. Ces hommes auraient ainsi entretenu leur place au pouvoir en imposant leur code comme norme à respecter, au détriment d’une véritable représentativité, car ils n’étaient pas à l’aise de côtoyer la diversité du peuple et étaient prêts à exclure des collègues pour leur apparence, allant jusqu’à les harceler au point de leur rendre la vie impossible. On ne pouvait donc pas leur faire confiance pour veiller à ce que personne ne soit exclu de notre société!
Wow. Ayoye. Tout ça pour ça? Quelle belle démagogie. Et en ce qui a trait aux grands appels au peuple, doit-on aussi rappeler que Catherine Dorion est issue d’un milieu aisé, de politiciens et notables connus, ayant fréquenté les grandes écoles et universités prestigieuses, très loin du «peuple» duquel elle porterait la voix auprès des grands de ce monde dans ses modestes habits ?
Lors de son passage à Tout le monde en parle dimanche soir, elle a une fois de plus fait du pouce sur sa prétendue représentativité, eut égard aux électeurs de son comté urbain de Taschereau «où il y a des gens de tous les âges, de toutes les couches sociales, qui s’habillent aussi en jeans». Quoi de neuf sous le soleil? Les députés des régions vont-ils arriver à l’Assemblée nationale en salopette de cultivateur avec des bottes à vêler pour mieux représenter leurs électeurs?
UN ENJEU FÉMINISTE: OUATE DE FUCK?
On croyait avoir tout entendu. Eh bien non! Dès ce week-end, un nouveau mouvement de soutien est né, «Mon Coton Ouaté, Mon Choix», poussant le bouchon victimaire encore plus loin. Catherine Dorion serait tout simplement victime de sexisme! «Le corps des femmes ne vous appartient pas. Le choix vestimentaire des femmes ne vous appartient pas. Coton ouaté, brassière, mini-jupe, voile, salopette. Ce n’est pas de vos affaires. On fait bien notre travail et on portera ce qu’on voudra», peut-on lire sur la page Facebook de l’événement. C’est donc un nouveau combat FÉMINISTE! On y invite donc toutes les femmes québécoises à se vêtir d’un coton ouaté à capuchon pour aller travailler mardi matin, quel que soit leur milieu de travail. À bas le méchant patriarcat qui veut contrôler le corps des femmes et leur façon de s’habiller! SO-SO-SO, solidarité!
Mais au fait, que diriez-vous de voir un Gaétan Barette se présenter au Salon Bleu en blouson de cuir perfecto ou un François Legault lui donner la réplique en camisole blanche, sans faire réagir les autres parlementaires?
DES REVENDICATIONS ADOLESCENTES
Ce dérapage m’a immédiatement fait penser à une autre flambée médiatique de l’an dernier, où des adolescentes d’une école secondaire de Québec étaient parties en guerre contre le code vestimentaire de leur établissement, selon elles sexiste envers les filles. En effet, elles ne pouvaient porter des shorts, jupes ou robes très courtes, ni montrer leur ventre ou porter des bretelles spaghettis. Les règles étaient pourtant exactement les mêmes pour les garçons, prohibant aussi les casquettes ou pantalon baisés laissant voir leur sous-vêtement, plus typiques pour eux. Mais c’était quand même sexiste selon les militantes, parce que la mode pour jeune femme propose surtout des vêtements très courts. Donc règlement sexiste, la faute revient à l’école, aussi simple que ça!
Ça n’aura pas empêché plusieurs médias à l’époque de leur tendre leur micro (un peu comme avec Catherine Dorion actuellement), sans questionner aucunement la teneur exacte du fameux code vestimentaire, laissant toute la place à une litanie d’arguments fallacieux ou carrément faux (comme par exemple, le prétendu port obligatoire du soutien-gorge). Poussant encore plus loin le militantisme à coup de hashtag, la jeune porte-parole des carrés jaunes affirmait même sérieusement que les codes vestimentaires ENCOURAGENT LA CULTURE DU VIOL, envoyant selon elle le message que les filles doivent avoir honte de leur corps et que si elles ne se conforment pas aux règles on se donnera le droit de les agresser. L’Iran et le Québec, même combat!
Radio-Canada nous annonça finalement quelques semaines plus tard que les carrés jaunes avaient remporté la victoire. À bas le sexisme! Dans les faits, la seule «victoire» était qu’il serait maintenant permis de porter des bretelles spaghettis pour les filles, et la casquette pour les garçons dans les aires communes, mais pas dans les salles de classe. Et aussi un supposé nouveau droit de porter des shorts à mi-cuisse. Yeah, girlpower! Sauf qu’en réalité, le règlement permettait DÉJÀ les vêtements «pas plus courts que la longueur du bras tendu» à tout le monde. Avez-vous déjà fait le test? À moins d’avoir les bras exceptionnellement courts ou d’être handicapé, c’est exactement la même chose! Victoire vraiment? Pas important, pourvu qu’on le croit et qu’on le crie. On a tous été jeunes et revendiqué pour tout et n’importe quoi, c’est normal à l’adolescence. La différence est normalement dans la réaction des adultes, ici béats de complaisance, on ne savait trop pourquoi.
FÉMINISTES VICTIMAIRES, TANT QU’ON LE VOUDRA
Si je fais le lien entre ces deux événements médiatiques, c’est qu’au long cours, ils semblent symptomatiques d’un certain discours «féministe» immature servi à toutes les sauces, sans tenir compte des contextes et des nécessaires nuances. À force de répéter aux jeunes filles et femmes le mantra «tu as le droit de tout faire et de porter tout ce que tu veux», ce qui est objectivement positif, certaines femmes, filles, mères et militantes en viennent à justifier ou soutenir les combats les plus puérils, immatures et mal ciblés, au nom du féminisme et de l’émancipation des femmes.
Avec l’affaire Dorion et «Mon Coton Ouaté, Mon Choix», on a atteint le sous-sol de la bêtise, niveau secondaire 3 faible. Ce qui n’a pas empêché la principale intéressée de saluer chaudement l’initiative. «Je finis pus (sic) d’être touchée aujourd’hui par vos messages d’encouragement. Et là, ça.».
Quel combat important à mener! Chantons toutes en chœur, «heille y fait frette avec l’oppression masculine parlementaire, on est-tu ben dans notre coton ouaté féministe!». Mon Coton Ouaté, Mon Choix à l’Assemblée nationale? Quelle foutaise opportuniste et victimaire!
Excellent texte, je partage à 100% votre opinion! Ayant deux ado à la maison, je ne supporte ABSOLUMENT pas la crise d’ado dans la quarantaine de Catherone Dorion j’en ai assez comme ça ! J’ai TELLEMENT honte de l’avoir à l’assemblée nationale!