Vous ne comptez pas !

 

Lettre à mes deux garçons

Comme vient de le résumer si bien la chroniqueuse féministe de La Presse, Pascale Navarro :

Si quelqu’un comprend le sens du mot « dérapage », ce sont bien les femmes.
Quant aux hommes qui en subiront les conséquences, ils feront comme nous : ils se tairont ou dépenseront leur paye en thérapie, resteront sur la touche, réfléchiront à leurs gestes, leurs paroles, leur comportement, quelques-uns contre-attaqueront.

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Autrement dit, si un jour une femme vous fait injustement souffrir, si elle vous humilie publiquement, si elle porte de fausses accusations contre vous par vengeance, si elle se barre avec vos enfants sans laisser de trace ou simplement si elle dérape, sachez que votre douleur et votre désarroi ne sont que des gouttelettes d’eau dans l’océan de souffrance sur lequel naviguent les femmes depuis des siècles.

Toute tentative d’exprimer votre douleur est vaine, car vous, mes chers fils, vous devez porter la culpabilité de siècles, voire de millénaires d’injustices envers les femmes. Vous devez payer pour la faute de tous les hommes qui les ont fait souffrir avant vous.

Oubliez ce que le féminisme de votre mère ou de la mienne vous a dit à propos de l’expression de votre sensibilité, Madame Navarro et certaines femmes qui revendiquent le #metoo ne veulent pas de vous dans cette supposée conversation sur l’avenir des relations hommes/femmes. Tout ce qu’elles veulent, c’est que vous souffriez autant qu’elles, que leur mère ou que leur arrière-grand-mère qui n’ont connu qu’injustices, oppression, exploitation et douleur. Vous aurez compris que pour certaines, la guérison passe par la vengeance. C’est à votre tour de payer.

Vous n’aurez alors d’autres choix que de ravaler vos larmes, serrer les poings et vivre votre colère en silence en espérant ne pas sombrer dans le désespoir, car votre blessure ne sera jamais écoutée ni prise en cause. Elle ne compte pas !

Mes beaux garçons, qui êtes à l’aube de la vingtaine, vous qu’on traite de privilégiés, mais qui ne l’êtes pas (votre parcours scolaire difficile en témoigne), vous, à qui la vie ne fera pas de cadeaux et pour qui le monde est à conquérir, je tiens à vous rassurer : Pascale Navarro ne parle pas au nom de TOUTES les femmes. En fait, je vous dirais que ce n’est qu’une minorité, mais qui fait beaucoup de bruit à un moment où vous me faites part de vos craintes face aux conséquences d’un flirt. En réponse à vos inquiétudes, je tiens à me faire rassurant. La vaste majorité de vos rencontres se passeront bien parce que vous êtes respectueux et à l’écoute de l’autre. Je vous ai appris à donner plutôt qu’à prendre, comme j’ai également tâché de vous montrer que dans toute discussion, l’écoute doit être réciproque et doit tenir compte des besoins et des attentes de tous et chacun pour arriver à se comprendre, pour éventuellement changer.

Je vous comprends, mes deux beaux garçons, de ne pas comprendre qu’égalité des sexes rime avec l’obligation de souffrir autant qu’elles plutôt que de travailler ensemble à éradiquer les sources de blessures. Il est tellement plus facile de blâmer les autres (les hommes), de voir en eux toutes les sources des maux des femmes plutôt que d’admettre que parfois la solution fait aussi partie du problème. Elle est en nous tous (hommes et femmes). Tant qu’on vous désignera d’emblée comme les coupables, point de dialogue facile en vue.

Donc si un jour, dans un moment d’égarement vous faites un mauvais choix et vous vous retrouvez sur le chemin d’une femme qui a décidé de vous faire payer pour toutes les déceptions amoureuses qu’elle a vécues avant vous, je connais un bon avocat.

Contre-attaquez !

 

 

 

 

3 commentaires sur “Vous ne comptez pas !”

  1. C’est une très belle lettre ã vos deux fils j’écrirais la même à mon fils même si je suis une femme et aussi une féministe car oui j’en suis une mais quand certaines dérapent je ne suis pas et je donne mon opinion. Les droits des hommes et des femmes doivent être égaux.

    1. Merci pour votre commentaire, il me touche beaucoup. Ma conjointe a également un fils, elle est très féministe et elle s’inquiète pour lui quand tout se met à déraper ainsi.

      Lorsque tous ces hommes qu’on accuse sans discernement peuvent être nos fils, pourtant bien élevés et respectueux, notre perspective change.

      1. Bonjour,
        Qui avertira sérieusement les garçons de se faire vasectomiser dès l’âge de 15 ans ?
        La souffrance des uns et des autres trouve sa genèse là.
        « Dieu se rie des hommes qui idéalisent les causes dont ils déplorent les conséquences. »
        Salutations

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